Chapitre 1.4 : France et Europe dans les années 1980

Adaptation discrète, glissement assumé
Quand l’alternative s’efface, quand l’Europe s’ouvre… sans contre-modèle.

🇫🇷 La France de Mitterrand : le rêve socialiste… et le réveil libéral

1981. Pour la première fois sous la Ve République, la gauche accède au pouvoir. François Mitterrand est élu, avec un programme audacieux et résolument keynésien.

Les premières mesures :
• 🟦 Hausse du SMIC
• 🟨 Réduction du temps de travail à 39h
• 🟧 Cinquième semaine de congés payés
• 🟩 Nationalisations massives : banques, télécoms, assurances, industries stratégiques

Un véritable souffle d’espoir.
Mais le réveil est brutal.

💸 1983 : le tournant de la rigueur

Deux ans après son arrivée au pouvoir, l’économie dérape :
• 🔴 Inflation élevée
• 🔵 Franc attaqué
• 🟠 Fuite des capitaux
• 🟡 Déficits en hausse

La France doit choisir entre rester dans le jeu européen ou continuer son modèle social. Elle choisit la rigueur.

Ce tournant, c’est :
• 🔵 Gel des salaires
• 🟣 Réduction des dépenses publiques
• 🟢 Début des privatisations (dès 1986)
• ⚫ Maîtrise des déficits

Le rêve socialiste cède la place à une gestion “raisonnable”.
Autrement dit : conforme au nouvel ordre néolibéral.

🇪🇺 Une Europe en construction… mais sans boussole sociale

1986. Signature de l’Acte unique européen, qui pave la voie à l’Union européenne actuelle.
Objectif : créer un marché unique fondé sur la libre circulation :

• 🟧 Des biens
• 🟨 Des services
• 🟩 Des capitaux
• 🟦 Des personnes

Mais… aucune régulation sociale harmonisée :

• ❌ Pas de salaire minimum européen
• ❌ Pas de politique fiscale commune
• ❌ Pas de stratégie contre les délocalisations

👉 Le marché précède la politique.
L’“Europe sociale” reste un vœu pieux, absente des traités.

❓ Pourquoi ce glissement n’a-t-il pas été stoppé ?

1. 🔧 Un changement lent… et technique

Tout se passe dans les normes, les budgets, les traités.
L’idéologie néolibérale s’infiltre sans fracas, en silence.

2. 🗣️ Une modernisation… sans rupture

Les mots changent tout :
• “Privatisations” deviennent “ouvertures à la concurrence”
• “Réduction de dépenses” devient “maîtrise budgétaire”
• “Retrait de l’État” devient “adaptation”

Le langage dépolitise.
L’idéologie devient technique.

3. 🧱 Des repères collectifs qui s’effondrent

• 🔻 Les syndicats s’affaiblissent
• 🔻 Le socialisme paraît dépassé
• 🔻 Le communisme est discrédité

Le mur de Berlin tombera bientôt.
Et avec lui… toute alternative audible.

4. 🛒 Au début… personne ne voit le danger

• 📈 Le crédit explose
• 🛍️ La consommation décolle
• 🧃 Les rayons débordent
• 🖥️ La technologie fascine

Les fractures sont invisibles.
Le choc viendra plus tard.

🌍 Et ailleurs dans le monde ?

Le repositionnement des grandes puissances

🇷🇺 URSS → Russie : l’effondrement

• En 1991, l’URSS disparaît.
• Privatisations brutales, montée des oligarques, effondrement social.

🇨🇳 Chine : ouverture… maîtrisée

• Depuis 1978, Deng Xiaoping libéralise progressivement.
• Les capitaux étrangers affluent.
• Mais le pouvoir reste autoritaire et centralisé.

• La Chine observe, imite partiellement, puis invente ses propres règles.

🌐 Les futurs BRICS : en attente

• 🇮🇳 Inde : réforme dès 1991
• 🇧🇷 Brésil : sort de dictature en 1985
• 🇿🇦 Afrique du Sud : encore sous apartheid

Ils ne contestent pas encore le système.
Mais… ils s’y préparent à leur manière.

🧠 Une décennie où tout s’est joué… en silence

• ⚙️ La gauche adopte l’économie de marché
• 🇪🇺 L’Europe devient un marché avant d’être politique
• 🧱 L’URSS tombe
• 🌍 Les pays émergents s’adaptent

Les peuples ?

Ils suivent. Par résignation, confiance… ou absence d’alternative.
Le néolibéralisme n’a pas triomphé dans le débat.
Il s’est imposé par l’usure, le flou, l’habillage technocratique.