Quand l’économie devient doctrine, les États se retirent… et le marché prend les commandes.
🌍 Un monde prêt à basculer
À la fin des années 70, tout vacille :
• Deux chocs pétroliers,
• Une inflation persistante,
• Une croissance en berne,
• Des dettes publiques qui explosent,
• Un chômage durable.
Le modèle keynésien d’après-guerre… ne convainc plus.
Les États apparaissent lourds, inefficaces, coûteux.
Et dans cette faille idéologique, un autre récit s’installe :
Le marché libre, L’individu rationnel, La concurrence comme solution.
⚒️ Avant Thatcher et Reagan : un laboratoire — Le Chili (1973)
Bien avant l’Occident, un pays expérimente le néolibéralisme : le Chili.
✊ 1973 — Coup d’État contre Allende
• Salvador Allende, élu démocratiquement,
• Un président socialiste, influencé par la pensée marxiste,
• Il nationalise les mines, réforme la terre, étend les droits sociaux.
Mais :
• Il déplaît aux États-Unis,
• La CIA soutient activement un coup d’État militaire,
• Pinochet arrive au pouvoir par la force.
⚠️ Une dictature brutale
• Parlement dissous, partis interdits, répression massive.
• Le Chili devient un terrain d’expérimentation autoritaire.
🧠 Les “Chicago Boys” prennent les commandes
Formés à l’université de Chicago, ils appliquent une doctrine radicale :
• Libéralisation des prix,
• Privatisations massives,
• Réduction du rôle de l’État.
Résultats :
• Inflation réduite,
• Mais inégalités en hausse, pauvreté accrue, désindustrialisation.
👉 Le modèle chilien : autoritaire, mais efficace économiquement… aux yeux des élites néolibérales.
🇬🇧🇺🇸 Thatcher et Reagan : deux visages, un même cap
1979 — Margaret Thatcher au Royaume-Uni
1981 — Ronald Reagan aux États-Unis
Deux leaders, un même programme :
• Rompre avec le compromis social d’après-guerre,
• Briser les syndicats,
• Privatiser les services publics,
• Déréguler les marchés.
« There is no alternative » — Thatcher
« The government is the problem » — Reagan
Ce qu’ils reprennent du Chili ?
Pas la violence.
Mais la logique économique radicale.
🧠 Une idéologie déjà prête
Le néolibéralisme n’apparaît pas par hasard. Il s’appuie sur des penseurs influents :
• Friedrich Hayek : le marché = ordre spontané supérieur à l’État.
• Milton Friedman : un État minimal, une monnaie stable, la liberté par le marché.
• James Buchanan : l’État agit d’abord pour ses propres intérêts.
Ils disposent de relais puissants :
• Think tanks,
• Fondations privées,
• Universités connectées aux élites politiques.
🏢 Les multinationales entrent dans l’arène avec force
Ce sont elles qui bénéficient le plus du nouveau modèle :
• Exxon, BP, Total : pétrole et dérégulation,
• Nestlé, Danone, Unilever : alimentation mondialisée,
• Monsanto, Bayer, Dow Chemical : semences, pesticides,
• Pfizer, Merck, Roche : privatisation de la santé.
Ces entreprises :
• Pèsent sur les lois,
• Financent la recherche,
• Participent à l’écriture des normes internationales.
Le pouvoir passe du politique à l’économique.
🏛️ Les institutions internationales changent de rôle
Le FMI et la Banque mondiale deviennent des outils d’influence économique.
Aux pays du Sud, ils imposent :
• Privatisations,
• Réduction des dépenses publiques,
• Fin des subventions,
• Ouverture aux capitaux étrangers.
Officiellement : “moderniser”
👉 En réalité : démantèlement des services publics et dépendance accrue.
💸 Privatiser, déréguler, marchandiser
Tout devient “marché” :
• L’eau = ressource à rentabiliser,
• L’éducation = investissement en capital humain,
• La santé = poste de dépense,
• La culture = secteur à dynamiser.
Même le langage public change :
• L’élève = coût/bénéfice,
• Le patient = rendement,
• L’université = “fournisseur de compétences”.
👉 On n’agit plus pour répondre à des besoins, mais pour optimiser la rentabilité.
🧩 Conclusion — Le point de bascule
Les années 1980 posent les fondations de la mondialisation :
• Le marché devient la norme universelle,
• L’État devient suspect,
• Le social devient optionnel,
• Les multinationales deviennent stratèges.
C’est le début d’une ère nouvelle.
Pas encore la mondialisation connectée qu’on connaît aujourd’hui…
Mais déjà son architecture idéologique et institutionnelle.
Tout ce qui n’est pas rentable devient… secondaire.
1 thought on “ Chapitre 1.3 — Les années 1980 : Le grand virage néolibéral”