République : joli mot, grosse promesse
C’est un mot qui claque en début de discours, s’affiche sur les frontons et se glisse dans toutes les bouches.
Mais si on demandait aux gens dans la rue :
“C’est quoi, exactement, la République ?”
👉 On récolterait probablement un silence poli, un haussement d’épaules… ou un débat sur les cantines scolaires.
Et pourtant, la République, ce n’est pas juste un mot.
C’est un système. Une promesse. Un équilibre.
Et pour qu’elle tienne debout, elle repose sur cinq piliers. Pas un de moins.
1. Un mot qui vient de loin (et qui veut dire quoi, au juste ?)
Le mot “République” vient du latin res publica : la “chose publique”.
✖️ Pas la chose du roi
✖️ Pas celle de Dieu
✖️ Pas celle d’un parti
✅ La chose de tous. La chose commune.
En clair, une République est un régime où :
🔹 Le pouvoir n’appartient à personne en particulier
🔹 Il est exercé par des représentants choisis par le peuple
🔹 Et il est censé servir l’intérêt général (pas les intérêts privés, ni les copains du président)
2. Les cinq piliers de la République française
(Officiellement. Parce qu’en pratique, ça craque parfois dans les coins.)
1. L’État de droit ⚖️
Tout le monde est soumis à la loi.
Même les puissants. Même les présidents. Même toi quand tu grilles un feu à trottinette.
👉 C’est la ceinture de sécurité de la démocratie.
Sans lui, bonjour l’arbitraire et les dérives.
2. La séparation des pouvoirs ✂️
Exécutif, législatif, judiciaire : chacun sa chambre, chacun son job.
Quand un seul pouvoir commence à tout faire tout seul, c’est le début des ennuis (et souvent, de l’autoritarisme en jogging).
→ Voir notre article dédié pour rire un peu et comprendre beaucoup
3. Le suffrage universel 🗳️
Un homme, une femme, un bulletin.
Même si tu votes avec la tête ou avec le nez bouché, ta voix compte.
👉 C’est la base de la légitimité.
Sans élection libre, ce n’est plus une République, c’est une startup d’autocratie.
Encore faudrait-il aller voter… et ne pas confondre l’urne avec une couette.
J’avoue que moi aussi, j’ai déserté l’isoloir, persuadé que tout ça ne servait plus qu’à brasser du vent dans un désert démocratique.
Mais à force de ne plus y croire, c’est moi qui ai nourri le monstre que je fuyais.
Promis, on ne m’y reprendra plus :
la prochaine fois, je glisse mon bulletin comme on plante une graine.
Même si la terre semble stérile, c’est mieux que d’attendre la pluie en râlant sur le nuage.
4. La laïcité ⛪️✡️☪️
L’État ne prie pour personne, ne bénit personne, et ne sponsorise aucun dogme.
Chacun est libre de croire, de douter ou de ne pas croire du tout.
C’est une neutralité active, pas une hostilité déguisée.
5. L’indivisibilité
La République, c’est une et indivisible.
Pas de traitements différents selon la région, l’ethnie, la religion ou le quartier.
Même droits pour tous, mêmes devoirs, même protection.
(Sur le papier du moins… en pratique, il reste du taf.)
3. République = démocratie ? Pas forcément…
Surprise : il existe des Républiques non démocratiques.
🔹 La République populaire de Chine ? Républicaine, mais pas très libre.
🔹 L’Iran ? République islamique, avec élections contrôlées et libertés restreintes.
👉 Une République n’est pas automatiquement une démocratie.
Et une démocratie peut ne pas être républicaine (comme une monarchie parlementaire en Scandinavie).
En France, la République est censée être démocratique.
Mais elle ne le reste que si on y veille activement.
Sinon, elle devient un décor, une coquille, un mot.
4. Quand la République tangue (et qu’on fait semblant de ne pas voir la fissure)
Même bâtie sur de grandes idées, la République peut prendre l’eau.
Pas d’un coup, mais goutte après goutte. Silence après silence.
Elle tangue :
⚠️ Quand la justice rame, à court de juges, de moyens, ou de courage
⚠️ Quand les lois s’écrivent à la hâte, sans débat, sans écho, entre deux sondages
⚠️ Quand certains sont “plus égaux que d’autres”, surtout face aux contrôles ou aux portes qui se ferment
⚠️ Quand les urnes restent vides, désertées par des citoyens qui n’y croient plus
⚠️ Quand les principes républicains deviennent des armes, brandis pour exclure au lieu d’être transmis pour rassembler
Parce que oui, la République n’est pas un décor pour discours en cravate.
C’est une idée qu’on doit nourrir, discuter, défendre.
Sans gardiens, elle s’effondre en silence.
Et devient ce qu’elle ne devrait jamais être : un mot vide. Un slogan fatigué.
5. Et maintenant qu’on est dans l’Europe… elle devient quoi, la République ? 🇪🇺
Depuis l’entrée dans l’Union européenne, la France a partagé une partie de sa souveraineté.
Concrètement :
🔹 Le droit européen prime sur le droit national. Même sur la Constitution.
🔹 Certaines politiques (monnaie, concurrence, commerce, agriculture) sont décidées à Bruxelles
🔹 Le pouvoir législatif français est parfois limité, car il doit respecter les normes européennes
La République reste là…
Mais elle ne décide plus seule de tout, comme avant.
Elle est devenue une République imbriquée,
Un peu comme un appart dans une copropriété européenne :
libre chez elle, mais tenue de respecter le règlement de l’immeuble.
6. Pourquoi a-t-on eu plusieurs Républiques ?
La République française, c’est un peu comme une série à rebondissements :
Cinq saisons, cinq ambiances, cinq tentatives de faire mieux.
Chaque version a été déclenchée par un choc historique majeur : guerre, révolution, effondrement institutionnel.
Et à chaque fois, on a changé les règles du jeu. Pas juste les joueurs.
🗂️ Petite histoire des Républiques françaises :
🔹 1re République (1792–1804) : Née de la Révolution et de la chute du roi, elle s’achève quand Bonaparte devient empereur.
🔹 2e République (1848–1852) : Instaurée après la révolution de 1848, elle meurt dans les bras de Louis-Napoléon, devenu empereur.
🔹 3e République (1870–1940) : Proclamée après la défaite de Napoléon III, elle dure 70 ans avant d’être balayée par Pétain.
🔹 4e République (1946–1958) : Issue de la Libération, elle vacille sous les crises coloniales jusqu’au retour de De Gaulle.
🔹 5e République (1958–aujourd’hui) : Fondée par De Gaulle pour sortir de la crise algérienne, elle repose sur un pouvoir présidentiel fort.
Chaque fois, on a cherché le bon dosage entre pouvoir fort et peuple souverain.
Spoiler : on cherche encore.
7. Et cette fameuse 6ᵉ République, alors ? C’est quoi le projet ?
De plus en plus de citoyens, intellectuels, associations et partis appellent à tourner la page de la Vᵉ République.
Ils réclament :
➡️ Moins de pouvoir présidentiel (exit le mode monarque républicain)
➡️ Un Parlement plus musclé
➡️ Davantage de démocratie directe (référendums citoyens, budgets participatifs, etc.
➡️ Une implication réelle des citoyens dans les décisions
➡️Et une Constitution en phase avec notre époque : écologie, égalité, justice sociale
En clair : refaire la maison, pas juste changer la moquette.
8. Changer de République : c’est possible, mais pas aussi simple que changer de série sur Netflix 🎬
Non, on ne change pas de République comme on change d’épisode.
Mais oui, c’est faisable. Voici les 3 chemins possibles :
✅ Option 1 : La voie “officielle” (et bien verrouillée)
1. Le président ou le Parlement propose une réforme
2. Le texte est voté dans les deux chambres (Assemblée + Sénat)
3. Il est soit soumis à référendum
4. Soit adopté par le Congrès à Versailles (majorité des 3/5)
Ce processus permet de bricoler la Vᵉ République, pas de la refonder.
Tu peux repeindre les murs… pas refaire les fondations.
✅ Option 2 : L’Assemblée Constituante (le grand saut démocratique)
Si on veut tout réécrire, il faut convoquer une Assemblée constituante.
Comment ça marche :
• Le peuple (ou ses représentants) élit une assemblée spécifique
• Sa mission unique : rédiger une nouvelle Constitution
• Ce texte est ensuite soumis à référendum
C’est ce qui s’est passé en 1946 (IVᵉ) et 1958 (Vᵉ).
C’est propre, démocratique, ambitieux… mais exigeant.
⚠️ Option 3 : Le chaos (spoiler : à éviter)
Historiquement, certains changements de République sont venus du désastre :
• Coup d’État
• Guerre ou occupation
• Soulèvement populaire
• Crise institutionnelle incontrôlable
Ce n’est pas une méthode.
C’est un symptôme. Et il vaut mieux agir avant d’en arriver là.
9. Et nous, citoyens ? On fait quoi ?
(À part râler sur X et signer des pétitions à 2h du matin)
Parce que oui, la République n’est pas un distributeur automatique de droits.
C’est un organisme vivant, fragile, qui a besoin de soins… et de nous.
Elle ne se régénère pas toute seule. Et encore moins en scrollant Instagram.
Alors, si tu veux la défendre, la réformer… ou carrément la réinventer :
voici ce que tu peux faire sans attendre le grand soir (ou le grand clash) :
1. Comprendre, avant de vouloir tout refaire
Tu veux une 6ᵉ République ? Très bien.
✅ Mais commence par comprendre les cinq premières.
Un citoyen qui comprend vaut mille slogans creux.
✅ Lis la Constitution (au moins le préambule).
Comprends comment fonctionnent les lois, les pouvoirs, les droits.
Pas besoin de sortir de l’ENA : juste d’allumer ton cerveau.
2. Voter (et pas juste à contrecœur en traînant les pieds) 🗳️
Tu penses que ça ne sert à rien ?
👉C’est justement ce qu’attendent ceux qui veulent que rien ne change.
L’abstention, c’est un retrait silencieux.
Et souvent, c’est la meilleure alliée des pires idées.
Même blanc, même critique, même avec les dents serrées…
Exprime-toi. Ne laisse pas les autres écrire l’histoire à ta place.
3. Observer, questionner, faire du bruit utile
Ton député dort pendant les sessions ?
Ton maire fait de la figuration ? Dis-le.
Mais si l’un d’eux agit avec courage, dis-le aussi.
Sois un radar de la République, pas une sirène d’alerte permanente.
👉 Écris, interpelle, relaie.
Pas juste pour t’indigner, mais pour informer, connecter, éveiller.
4. Soutenir les vrais contre-pouvoirs
Tu veux défendre la République ? Alors soutiens ceux qui la protègent, parfois au prix de leur tranquillité :
✅ La presse libre (même imparfaite, elle est vitale)
✅ Les ONG, les lanceurs d’alerte
✅ Les profs, les magistrats, les artistes engagés
✅ Et même les syndicats (oui, même eux quand ils font un peu trop de bruit)
Ce sont les anticorps démocratiques.
Sans eux, le corps républicain tombe malade.
5. Transmettre, toujours. Sans dogme, mais avec passion.
La République, ce n’est pas un musée.
C’est une idée en circulation.
Elle vit dans :
🔹 les débats de famille
🔹 les cours d’école
🔹 les discussions de fin de repas
Parle-en. Explique. Questionne. Sans imposer.
Les valeurs ne s’héritent pas.
Elles se réactualisent, se vivent, se choisissent.
Et si tu veux vraiment une 6ᵉ République…
Alors retrousse les manches :
👉 Fais partie du débat
👉 Propose une vision
👉 Construis des ponts, pas juste des pancartes
👉 Et exige des élus qui lâchent du pouvoir, pas seulement des promesses en période électorale
On ne réécrit pas une République pour “faire moderne”.
📣 On la réécrit pour mieux représenter, mieux décider, mieux protéger.
10. En résumé (à garder sur le frigo)
• La République est un bien commun, pas un argument de campagne
✅ Elle repose sur 5 piliers fragiles mais fondamentaux
✅ Elle est imbriquée dans l’Europe, et ça complique un peu le pilotage
✅ Elle a déjà connu 5 vies, et certains rêvent d’une sixième
📣 Mais surtout : elle dépend de toi.
Pas d’un homme providentiel. Ni d’un hashtag.
Une République sans citoyens vigilants,
c’est comme une voiture sans freins :
Ça roule… jusqu’à l’accident.
“La République est un combat de tous les jours.
Elle se défend par l’intelligence, pas par l’indifférence.”
L’interne du doute
Merci d’avoir survécu à cette capsule.
Vous êtes officiellement diagnostiqué : lucide (et légèrement piqué à la République).