Tu la connais, la CJUE ?
Non ? Normal.
Elle ne fait pas de bruit, elle ne se présente pas aux élections…
Mais elle peut annuler une loi dans ton pays, même si tu l’as soutenue, même si tu as voté pour.
Bienvenue dans l’univers discret mais ultra-puissant de la Cour de justice de l’Union européenne.
Spoiler : le juge a plus de pouvoir que le peuple.
À quoi elle sert, la CJUE ? (en théorie)
Elle est là pour faire respecter les traités européens.
Elle arbitre les conflits entre États, entreprises, institutions.
Sur le papier, elle veille à l’unité du droit européen.
Mais dans la réalité ?
Elle est bien plus qu’une arbitre.
Elle est celle qui a le dernier mot, quoi qu’en disent les électeurs.
✅ Ce qu’elle protège : tes données personnelles, certaines libertés
❌ Ce qu’elle bloque : des lois sociales, fiscales ou écologiques… si elles dérangent le marché
Le tabou : elle défend surtout le marché
C’est rarement dit, mais c’est bien là :
La CJUE applique des traités qui donnent la priorité
à la concurrence, au commerce, à la circulation des capitaux.
Pas à l’écologie.
Pas à la souveraineté.
Pas aux choix démocratiques.
Des exemples qui piquent :
🔸 Un pays veut interdire le glyphosate ? Trop restrictif pour le commerce.
🔸 Une ville veut réguler Uber ? Atteinte à la libre prestation de services.
🔸 Une taxe locale écolo ? Discrimination économique.
Le droit protège le marché.
Et la CJUE protège le droit.
Donc le marché gagne. Presque toujours.
Le droit comme cage (dorée)
La CJUE ne “fait” pas de politique.
Mais elle empêche d’en faire autrement.
Ce qu’un pays ne peut plus faire :
❌ Favoriser une entreprise locale
❌ Soutenir massivement un service public
❌Bloquer une multinationale nuisible
❌ Planifier une relocalisation stratégique
Même si c’est dans l’intérêt général.
Même si c’est dans le programme d’un gouvernement élu.
Et ça, c’est un vrai verrou.
Pas une erreur de procédure : une logique de système.
Une justice “indépendante”… mais pas neutre
Les juges de la CJUE sont nommés, pas élus.
Ils appliquent les traités, pas les volontés populaires.
Et quand ils tranchent, c’est sans appel.
Pas de recours. Pas de référendum. Pas de débat parlementaire.
Le droit l’a dit, donc c’est fini.
Peut-on contester une décision de la CJUE ?
Réponse simple : non.
Réponse complète : à moins de changer les traités (et d’avoir l’accord des 27 pays), c’est mort.
Tu peux manifester.
Tu peux voter.
Tu peux pétitionner.
Mais une fois que la CJUE a rendu son arrêt…
Game over.
Les affaires qui ont fait grincer des dents
La CJUE ne juge pas des scandales “people”.
Mais elle a été au cœur de décisions très controversées, souvent lourdes de conséquences politiques.
⚠️ Exemples réels :
• Apple vs l’UE (2020) : elle annule l’amende de 13 Mds € pour fiscalité illégale.
→ Apple gagne. L’optimisation fiscale, validée.
• Uber : elle permet à la plateforme de continuer, malgré des lois locales.
→ Le modèle social vacille, mais le service reste.
• Glyphosate : elle limite les possibilités d’interdiction.
→ Le commerce l’emporte sur le principe de précaution.
• Travail détaché : elle valide un système de concurrence salariale interne.
→ Du dumping social… 100% légal.
• Aides d’État (EDF, Ryanair) : elle oblige des États à rembourser des subventions nationales.
→ Les politiques industrielles nationales… en mode interdit.
• Pologne & Hongrie : elle condamne les atteintes à l’état de droit.
→ Quand ça déraille vraiment, elle réagit… mais tard.
Conclusion intermédiaire ?
La CJUE n’est pas neutre. Elle est le gardien d’un ordre précis.
Un ordre où le marché l’emporte, sauf quand la démocratie est trop visiblement bafouée.
Et si on voulait… une autre Europe ?
Peut-on imaginer une Europe plus sociale, plus écologique, plus démocratique…
avec un droit qui bloque tout ça ?
Pas sans choc.
Ce que les traités imposent :
• Pas d’aides d’État
• Pas de préférence nationale
• Pas de contrôle monétaire
• Et surtout : pas de désobéissance
Alors que faire ? Trois pistes (pas parfaites, mais possibles) :
🛠️ Réécrire les traités
Légal. Noble. Mais unanimité requise = mission (quasi) impossible car il faut que les 27 pays soient d’accord…
🤝 Créer une “Europe bis” entre volontaires
Coopérations renforcées, par exemple pour une Europe sociale.
Faisable. Mais ça divise.
⚡ Désobéir stratégiquement
Comme certains États le font déjà.
Assumer une désobéissance démocratique, au nom de la souveraineté populaire.
Pas sans risques… mais peut-être le seul levier réel.
✅ En résumé :
La CJUE, c’est :
• Un juge ultra-puissant
• Une forteresse juridique
• Un verrou contre les alternatives
Si on veut changer l’Europe, il ne suffira pas de voter autrement.
Il faudra rouvrir le débat interdit : celui du droit, des traités… et du pouvoir réel.
Et pour ça, il faudra une chose que Bruxelles n’aime pas trop :
Un vrai débat populaire. Un vrai choix. Une vraie démocratie.
Prochain épisode :
💶 La BCE — Une banque centrale qui imprime des milliards…… mais jamais pour ton hôpital de quartier.
Spoiler : tu ne l’as pas élue non plus.